la liste s'allonge au bord du fleuve
le premier jour
le coeur était monté dans ma tête
les deux matins suivants furent triangulaires
hors bords
***
la liste s'échappe
de quelques peus
j'oscille
à gauche
(j"ai égaré la route cent fois en venant
y est inscrite
la nudité
qui se regarde
en été
voyez vous ?
et une allumette
***
la liste se coulisse comme les vagues bout à bout
de souffle court
attendre la brasse
le soleil passe sous l'eau lentement
alors, les lunettes ôtées
je bois le sel
***
la liste s'ébruite comme un jardin d'aventure
j'y marche
les allées sont claires
larges souples d'une fine poussière
l'ombre parfois
lorsque les arbres couvrent
et son bras
***
la liste s'emmêle de l'herbe brune roussissant les cheveux
les yeux perdus par delà la lucarne
l'extérieur tombe entier dans l'intérieur
elle dit : il ne faut pas me regarder
encore et sans cesser elle dit ce qui ne se dit pas
elle tronque les gestes
laisse incendier le dedans
l'étage est suspendu à la lune
***
la liste se prolonge de quelques heures
mais le voyage s'est bien passé
n'est ce pas ?
le temps ne se compte plus
lui seul compte
(je ne l'ai su qu'après
***
la liste s'enfonce aux rideaux rouges soirs
qui courent autour
l'air est irrespirable
entre tout
dehors
la nuit longe l'eau
l'herbe est si fraîche
gardienne de la moiteur
des corps qui la couchent
***
la liste se courbe comme une pelure d'orange
y est inscrite l'empreinte
de la fugue
(je souris